Entre 0 et 6 ans, l’enfant est sujet à la période sensible de l’ordre. C’est-à-dire que pour pouvoir construire son ordre intérieur, il a besoin d’ordre à l’extérieur.

Construire son ordre intérieur

Avant de pouvoir conquérir le monde extérieur, l’enfant a d’abord besoin de pouvoir mettre de l’ordre dans ce qui existe. C’est en apprenant à mettre « chaque chose à sa place » dans son environnement extérieur que l’enfant va pouvoir classer son environnement sur la base d’images mentales. « C’est le point de départ pour que la vie psychique se développe en évitant les obstacles ». Il va pouvoir ainsi distinguer les sons, les couleurs, les formes, les dimensions, les odeurs puis les regrouper, les classer, les nommer.

L’importance de l’environnement dans la période sensible de l’ordre

Un environnement ordonné est un environnement dans lequel chaque objet a sa place. En fait, on pourrait y retrouver l’objet désiré les yeux fermés. Ainsi, un enfant qui est dans la période sensible de l’ordre réagit lorsque les objets familiers sont en désordre autour de lui. En effet, la rupture de l’ordre extérieur peut générer un désordre intérieur chez l’enfant. Cette réaction peut se manifester par de l’agitation, des pleurs, parfois des maladies.

Dans « L’Enfant » Maria Montessori nous cite l’exemple d’une petite fille de six mois qui se met à s’agiter puis à pleurer lorsqu’une dame dépose une ombrelle sur la table. Mais ses pleurs cessent dès que sa mère sort l’ombrelle de la pièce. L’ordre est revenu. Puis celui d’un autre enfant d’un an et demi, que sa mère avait pris dans ses bras. Comme il faisait chaud, sa mère a enlevé sa jaquette pour la déposer sur son bras. Alors, l’enfant s’agite, s’énerve. Du reste, les adultes désemparés ne savent plus quoi faire jusqu’à ce que Maria Montessori propose à la mère de repasser sa jaquette. Et spontanément l’enfant cesse de pleurer. En effet, l’ordre est revenu.

Certains jeux des petits enfants peuvent dérouter la logique des adultes car ils n’ont pour seul but que de retrouver les objets à leur place.

Des routines

L’ordre des activités dans le temps répond également à la période sensible de l’ordre. C’est pourquoi les routines sont importantes pour construire un environnement ordonné dans la journée. En revanche, une modification des routines peut générer un désordre intérieur chez l’enfant dans la période sensible de l’ordre et se manifester par des comportements inappropriés.

La période sensible de l’ordre et les positions du corps

Lorsque l’enfant est dans la période sensible de l’ordre, il peut être sujet à une grande sensibilité de sa mémoire musculaire. C’est-à-dire à son orientation intérieure ou encore à la position de ses membres par rapport à son environnement.  En effet, un désordre des positions de son corps peut engendrer des comportements que nous pourrions qualifier de caprices, de la violence, voire des maladies.

Maria Montessori cite l’exemple d’un enfant qui adoptait un comportement violent lorsque sa nurse lui donnait le bain. Il s’est avéré que sa nurse lui donnait le bain en lui soutenant la tête de la main gauche, et qu’elle s’occupait de lui en remplacement d’une autre. Comme sa nurse habituelle lui donnait le bain en lui soutenant la tête de la main droite, l’enfant a subi un déséquilibre de son ordre intérieur. Les manifestations violentes disparurent lorsque l’ordre fut revenu. Ainsi, l’enfant, retrouvant son ordre intérieur si important dans la période sensible de l’ordre, a également retrouvé son calme.

Elle nous raconte également l’histoire d’un enfant de moins de 18 mois qui manifestait d’abord une agitation nocturne et des troubles digestifs puis des convulsions. Les médecins n’arrivaient pas à faire cesser ces symptômes. Maria Montessori est intervenue et a constaté que l’enfant était en voyage et dormait dans un grand lit alors que chez lui il dormait dans un berceau. Elle lui a donc reconstitué un berceau à l’aide de deux fauteuils et les symptômes ont immédiatement cessé. L’ordre était revenu.